Être c’est cela quand l’amour fait s’ouvrir une fenêtre en nous afin que l’Auteur de la vie puisse y habiter, opérer en nous et nous demander de sourire à celui qui se refuse; de sourire aux succès des autres; de pardonner à celui qui revient de loin dans le temps; de préférer celui qui a dix fois plus besoin qu’un autre d’être aimé: l’étranger, celui qui est cerné par le mal, celui qui se laisse oublier; d’épouser ce que le monde nie; de parler du bonheur, de faire que le ciel et la terre s’en mêlent; de sauver l’amour où ça devient difficile d’aimer; d’écouter celui qui dans l’apaisante sobriété de son discours demande qu’on le comprenne; d’être le même à l’égard de tous; de demeurer le même dans le bonheur et la douleur, libre d’attachement, content de tout, quoi qu’il arrive.
Être c’est quand l’auteur de la vie a sa place en nous, qu’il opère en nous, quelquefois comme un coup de foudre. C’est alors qu’il faut être prêt pour la foudre. Si j’erre sur la terre afin de me laisser conquérir, si je me berce et me contemple, si je persiste dans un univers provisoire, je ne suis pas prêt, et si je prie, ma prière n’est pas celle d’un homme, mais d’une apparence d’homme: cierge dans un magnifique chandelier, mais sans flamme.