La plénitude même de l’Eucharistie nous appelle à un repentir créateur. Ce qui est donné définitivement à l’Église dans le ‘mystère des mystères’, il appartient aux chrétiens de le laisser transparaître, de le diffuser ‘pour la vie du monde’. Il appartient aux chrétiens de devenir les grands célébrants de la vie. Or, souvent les fruits sont misérables, le témoignage est disqualifié. Jésus semble dormir, les hommes n’entendent plus la voix de l’Église.
L’Église a donc deux aspects: d’une part sa profondeur sacramentelle, dont le centre est l’Eucharistie, et qui fait d’elle la dispensatrice infiniment sainte de l’amour plus fort que la mort, mais, d’autre part, son devenir humain, où notre liberté assoupie, déviée, impose à l’Esprit une étrange humiliation. C’est l’histoire des fidélités et des infidélités humaines ou cependant la fidélité absolue de Dieu dans l’Eucharistie ne cesse de trouver écho dans la ‘chaîne d’or’ de la sainteté, souvent dissimulée mais jamais interrompue. L’Église, disait Origène, est cette prostituée que le Christ ne cesse de laver dans son sang pour en faire l’épouse sans tache. Ainsi lavés, et tout misérables que nous soyons, essayons d’être des ‘hommes eucharistiques’, c’est-à-dire des témoins de la Résurrection dans l’immense Passion de l’histoire.