Le sommeil est une sorte d’absence: on est «parti», on est ailleurs. Or, Dieu semble dormir dans nos tempêtes et nos morts. N’est ce pas là la grande épreuve de nos mauvais jours? Et même des bons… Je prie… qui me répond ? Je souffre… qui m’aime? Le monde se débat dans des chaos grandissants… que fait le Dieu qui l’a créé ? A quoi se distrait le Christ qui l’a sauve? Dieu est il mort? La est la grande tentation des croyants. Elle secouait déjà les contemporains de saint Pierre, qui disaient: «Ou est la promesse de l’avènement du Seigneur? Les fidèles de la première génération chrétienne sont morts… Tout est encore comme auparavant» (2 Pierre 3,3).
C’est l’épreuve de la foi, que nous connaissons bien. Cette foi trop faible, comme celle des disciples, et qui a peur. Cette foi qui, comme la leur encore, éclate en reproches: «Ca ne te fait rien que nous soyons perdus?» Cette foi infirme qui leur attire, qui nous attire, les reproches de Jésus: «Comment se fait il que vous n’ayez pas la foi?» Une foi vive nous rap¬pellerait que le Christ a passe par nos peurs et traverse nos tempêtes. Qu’il a été secoue par nos tentations. Qu’il a sue sang et eau dans son agonie en criant: «Père, éloigne de moi ce calice !», et sur sa croix: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonne?» Qu’il a été volontai¬rement englouti dans le grand abîme de la Puissance des ténèbres et de la mort… Mais surtout que, s’il s’est précipite dans cette mer, c’est pour en apaiser les tempêtes et en ressortir vivant. Et nous en ressortir vivants, ressuscités avec lui.