Le monde d’aujourd’hui a un besoin tragique de silence. Le silence porte en lui-même une force pas possible : celle qui permet de s’interroger sur soi d’abord. Les questions « Qui suis-je ? », « Où vais-je ? », « Qu’est ce qui me pousse à agir ? », on peut les biffer toute une vie, en courant après tout, sauf après sois même, en refusant de se donner des réponses à ces questions vitales. Peut être avons-nous peur des réponses justement, à cause de l’engagement qu’elles peuvent susciter et des virages à prendre.
Si je n’avais pas comme ascèse ces heures consacrées à moi-même et à Dieu, je manquerai l’essentiel de ce que je veux vivre. Je n’aurai jamais entendu les appels de Dieu dans ma vie concrète. Je n’aurai jamais pu deviner, derrière l’événement Dieu qui fait signe. Seuls, le silence et la prière ont pu me faire comprendre. Mais pour cela, il a fallu que je m’isole et m’assoie de multiples fois.
Le silence a le don de relativiser et de dynamiser à la fois, de façon parfois stupéfiante, mon action. Il nous accule, en effet, à tourner notre regard vers Dieu. Cette immobilité est la source des plus riches moissons. Il nous pousse, de plus, à ne pas nous croire indispensables. Ce qui est une de nos plus puissantes tentations aussi orgueilleuses et destructrices. C’est souvent dans les longues marches silencieuses en forêt que j’ai compris que la prière était l’action prioritaire de l’homme de Dieu. Le silence dégage les essentiels de ma vie. La prière me donne la force de les vivre.