Dieu nous a créés libres, et donc aussi responsables. « Remplissez la terre et dominez-la. Soumettez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et toute bête qui remue sur la terre ». (Gn1, 28). Dieu nous ordonne donc de « faire », d’ « agir ». C’est inscrit dans nos gènes. Mais il le dit au pluriel : « Remplissez la terre, dominez-la ! ». Il le dit à tous, individuellement, mais aussi ensemble. Car notre moi est situé dans un « nous ».
Depuis la Renaissance, notre « moi », plus ou moins endormi dans le « nous » collectif, s’est éveillé. L’homme est devenu conscient de sa valeur, de son autonomie, de sa liberté et de sa responsabilité. Cette responsabilité hyperindividuelle et solitaire est à la longue décourageante. Nous sommes pris dans une fièvre du faire tout seul. Cette frénésie nous rend malheureux. Comme si nous étions des déménageurs, portant tout seul l’univers sur notre dos. Notre « moi » ne peut être heureux quand il s’émancipe d’un « nous » qui le soutient. (…)
(Cardinal Godfried Daneels, RiveDieu n°16 d’avril 2013)