Chez celui qui demande d’être reconnu, il y a plus que le désir d’être connu, d’être salué. Il y a même plus que le désir d’entrer en communication avec les autres… Sa demande est un appel à être admis dans la communauté humaine et à être accueilli comme une personne, unique, originale et cela, au-delà de ses qualités, de ses défauts, de ses engagements. Il souhaite ne pas être considéré comme une source de renseignement utiles, ni comme une source d’avantages, fussent-ils même spirituels. Il désire être accueilli comme l’autre qui est un homme libre, qui est frère en humanité. Il ne demande pas la pitié, pas même l’admiration ‘mondaine’ mais la considération et la reconnaissance.
Peut-être y a-t-il encore un sentiment plus profond qui se dit dans ce désir d’être reconnu, c’est celui que traduit notre mot ‘merci’. L’homme qui demande d’être reconnu souhaite, au moins inconsciemment, qu’on lui dise merci parce qu’il est là, parmi nous, et qu’il s’offre à notre rencontre.
Le jour où nous prononçons ce merci – pas toujours facile – nous pouvons nous dire que nous aimons vraiment l’autre, car nous l’aimons non pour ses qualités, mais simplement parce qu’il existe. Nous le reconnaissons alors comme un frère qui parcourt le même chemin que nous.