(…) Le merveilleux est que le mystère de l’Eglise bénéficie, lui aussi de cette immunité contre toute attaque qui lui est adressée. Quelle nouvelle : le mystère de l’Eglise ne peut pas être altéré par les défaillances et les scandales de ceux qui la composent !
Au-delà du chaos qui peut secouer la barque de Pierre, la lumière et la pureté de l’Eglise demeurent inaltérables !
Quelle paix : tes propres fautes ne peuvent ternir en rien la beauté du visage de l’Epoux bien-aimé du Christ (…).
Miracle qui échappe à tant de regards !
Marie et Joseph montaient chaque année au sanctuaire de Jérusalem. Les grands prêtres qui y officiaient étaient déjà fort probablement coupables des malversations que le Sauveur signalera plus tard, mais ces simples n’étaient attentifs qu’à leur titre de représentants du Dieu Très-Haut.
Ainsi, l’innocence du regard immunise contre la présence du mal.
Attitude qui est infiniment plus près de la vérité de l’amour que le regard critique toujours pressé de tout rectifier. On l’avait oublié : corriger à force d’innocence et de limpidité est une œuvre autrement salutaire et efficace que de demeurer à l’affût du mal pour en signaler la présence et l’éliminer au besoin.
Les deux pauvres de Nazareth n’ont pas rectifié la conduite erronée des représentants de Dieu, mais, éblouissant miracle, la gloire de leur innocence, inapte à voir le mal, remplissait le temple de lumière et le purifiait de toute souillure (…).
Tu as le choix de t’émerveiller devant le témoignage des millions de figures sublimes auxquelles elle a donné naissance, les martyrs et les saints, ou bien de te scandaliser devant les erreurs ou les maladresses de la hiérarchie, la faiblesse des prêtres et l’inconséquence de ces fidèles qui se réclament de l’Evangile sans le vivre véritablement.
Sache que tu n’as pas reçu la mission de purifier ton Eglise du mal qui peut avoir cours en son sein. Ce qui t’es demandé, c’est de rendre ton regard à ce point limpide et lumineux que tu ne puisses plus apercevoir en elle – toute imparfaite qu’elle puisse être – que lumière et beauté, resplendissement de la Gloire du Christ !
De la même manière que la Résurrection d’ailleurs, elle qui n’a pas enrayé le mal du monde, mais a fait en sorte que la permanence des ténèbres ne peut plus altérer l’imperturbable sérénité du visage de l’Epouse Immaculée.
Ultime miracle qui lui, confine au scandale, le mal qui autour de toi et en toi n’ont reçu la permission d’exister que pour t’obliger à purifier ta pupille en lui conférant une telle innocence que tu ne puisse plus apercevoir partout que splendeur et lumière !
Voilà l’éclat du ressuscité que tu es !
Extrait de Aube d’humanité, profil d’éternité, de Yves Girard, O.C.S.O, moine au Val Notre-Dame, Québec, Editions Anne Sigier, 2011.