L’intercession
Nous ne séparons pas notre prière de la parole de l’Écriture. Il en va de même pour l’intercession. Il n’est pas possible au cours du recueillement communautaire de prier comme nous le devrions pour tous les hommes qui nous sont recommandés. Chaque chrétien possède son cercle de connaissances qui réclament son intercession, ou pour lesquelles il se sent appelé́ à prier. Ce sont avant tout ceux avec lesquels il doit vivre tous les jours. Nous nous trouvons ici au centre vital de la vie communautaire. Une communauté́ chrétienne vit de l’intercession de ses membres, sinon elle meurt. Quand je prie pour un frère, je ne peux plus, en dépit de toutes les misères qu’il peut me faire, le condamner ou le haïr. Si odieux et si insupportable que me soit son visage, il prend au cours de l’intercession l’aspect du frère pour lequel le Christ est mort, l’aspect du pécheur gracié. Quelle découverte apaisante pour le chrétien que l’intercession : il n’existe plus d’antipathie, de tension ou de désaccord personnel dont, pour autant qu’il dépend de nous, nous ne puissions triompher. L’intercession est un bain de purification où, chaque jour, le fidèle et la communauté́ doivent se plonger. Elle peut signifier parfois une lutte très dure avec tel d’entre nos frères, mais une promesse de victoire repose sur elle.
La confession
La confession rend possible l’accès à la communauté. Le péché veut être seul avec l’homme. Il l’arrache à la communauté. Plus un homme est seul, plus le péché exerce sur lui son pouvoir destructeur ; et plus l’homme se prend à ses pièges, plus aussi son isolement devient sans espoir. Le péché veut rester ignoré. Il craint la lumière. Il se complaît dans la pénombre des choses tues, d’où il empoisonne l’être tout entier. Mais, par la confession, la lumière de l’Évangile fait irruption dans la nuit et dans le silence du cœur. Le péché est mis en pleine lumière. Les choses tues sont dévoilées, confessées. Tout ce qu’on cache est mis au jour. La lutte est dure jusqu’â ce que le péché se rende. Mais Dieu brise les portes d’airain et les verrous de fer (PS 107,16). On peut dire que c’est dans la confession que le pécheur perd définitivement tout reste de tendance à se justifier. Il se livre lui-même, abandonne tout le mal qui l’habite, ouvre à Dieu son cœur, et trouve le pardon de tous ses péchés dans la communion de Jésus-Christ et du frère qui l’écoute. Une fois dévoilé et confessé, le péché a perdu tout son pouvoir. Il a été reconnu et jugé. Il ne peut plus déchirer la communauté.
La reconnaissance
Pour la reconnaissance dans la communauté chrétienne il en va comme pour le reste dans la vie chrétienne. Seul l’être qui remercie pour la moindre chose reçoit aussi les plus grandes. Nous empêchons Dieu de nous donner les dons spirituels plus importants qu’il nous a préparés, parce que nous ne remercions pas pour les dons quotidiens. Nous pensons que nous ne devrions pas nous satisfaire de la faible mesure de connaissance spirituelle, d’expérience et d’amour qui nous est donnée et que nous aurions toujours à considérer avec convoitise les dons spirituels les plus grands. Nous
nous plaignons de n’avoir pas la certitude, la foi, l’expérience que Dieu a données à d’autres chrétiens, et qui ne seraient pas aussi grandes, fortes et riches en nous, et nous tenons ces doléances pour pieuses.
Nous demandons de grandes choses dans nos prières, et nous oublions de rendre grâce pour les petites choses – mais sont-elles si petites ? – que nous recevons journellement. Comment Dieu pourrait-il confier de grandes choses à celui qui ne veut pas recevoir avec reconnaissance les petites que sa main nous accorde ? Ne disons-nous pas merci chaque jour pour la communauté chrétienne dans laquelle nous nous trouvons, même là où il n’y a ni grande expérience, ni de richesse constatable, mais là où nous rencontrons beaucoup de faiblesse, de foi pusillanime et de difficulté, nous préférons toujours nous plaindre à Dieu que tout soit si pauvre, si médiocre, et ne corresponde pas du tout à ce à quoi nous nous attendions ; ainsi, nous empêchons Dieu de faire croître notre communauté selon la mesure et la richesse qui sont déjà préparées pour nous tous en Jésus Christ.