La liberté, chacun le sait, ce n’est pas la liberté de faire n’importe quoi, n’importe où, n’importe quand, n’importe comment. La liberté n’est pas le caprice. Mais qu’est la liberté? La liberté, je crois, est la possibilité de répondre à un appel. Nous percevons un appel et désirons lui répondre. Cet appel peut venir de l’extérieur, mais il n’a de force que si nous le prenons en compte, à notre compte, comme s’il venait de nous-mêmes. Dès lors, il devient urgent d’agir, de ne pas décevoir, d’apporter une réponse. Et toute réponse à un appel est le début d’une longue histoire qui, en réalité, est le chemin de la liberté.
Celui qui a une grande capacité de dévouement est le plus libre des hommes. En se dévouant, il se libère de son moi inutilement encombrant, il donne un sens à sa vie, il s’accomplit. S’accomplir, ce n’est pas se concentrer sur son petit moi, c’est, au contraire, s’oublier au profit d’autre chose, que ce soit un être, une oeuvre, une cause. C’est en s’oubliant que le moi se construit. Et quel meilleur moyen de s’oublier que de se dévouer ?
L’histoire de l’Église est l’histoire du dévouement de l’esprit au message de Jésus Christ, comme l’histoire de la science est l’histoire du dévouement de l’esprit à la méthode de la théorie vérifiée par l’expérience. L’esprit est toujours gagnant quand il se voue à autre chose qu’à sa propre contemplation. Ce qui est vrai de l’esprit est vrai de nous tous. Chacun de nous, en se dévouant, se construit et se débarrasse de l’accessoire. Qui se dévoue se libère !