Jésus fut cloué sur une croix, entre deux malfaiteurs. Il y resta attaché jusqu’à ce que mort s’en suive. La souffrance physique causée par un tel supplice était particulièrement atroce. Pourtant, tout permet de penser que la souffrance morale de ce crucifié fut plus insupportable. Mais sans doute est ce encore trop peu que de parler de souffrance morale à propos de Jésus. Car cet homme, dont l’intimité avec Celui qu’il appelait Père était sans pareille, faisait l’expérience la plus douloureuse qui soit pour une âme religieuse: Dieu lui même paraissait absent, inexplicablement absent !
Est ce de cette manière que des chrétiens sont invites par l’Église à regarder la Croix de Jésus ? Oui et non. Non, s’ils s’en tiennent à des données historiques et psychologiques. Oui, s’ils les comprennent dans la foi, grâce à l’Esprit du Ressuscite. Tout au fond de la conscience de cet homme en proie à une épreuve sans fond, au delà de tout ce qui peut être dit et pense, l’Esprit nous fait entrevoir l’acte unique du Sacrifice rédempteur! L’acte dans lequel Jésus se donne et s’abandonne à son Père pour que tous les hommes puissent avoir la Vie en abondance, la Vie éternelle. L’acte d’obéissance du Fils unique s’offrant dans la pleine liberté d’un fils d’homme ! L’acte d’amour sans mesure, infini, d’où surgit la création nouvelle, l’homme nouveau! C’est dans cet Esprit que le chrétien regarde la Croix.