Être pécheur est éprouvant. Être pécheur pardonné est tout à la fois souffrance et joie. Qu’on pense à Thérèse de Lisieux disant, à la vue de ses insuffisances persistantes: «Que je suis heureuse d’être encore toute petite pour avoir encore tout à recevoir». Qu’on pense aussi à l’audacieuse exclamation de la liturgie pascale: « Heureuse faute !»
La conscience de la gratuité de l’amour divin dédramatise nos vertus, nous empêche de nous en glorifier, d’en faire un piédestal qui nous mette au-dessus de nos frères, de même le sentiment d’être un pécheur gratuitement pardonné dédramatise nos fautes et nos maladresses. Nous sommes attendus, reçus, aimés, tels que nous sommes.
Si Dieu nous accepte, nous pouvons nous accepter nous mêmes, nous pouvons aller aux autres sans gêne paralysante. Ne soyons pas plus durs pour nous que ne l’est notre Dieu venu nous rejoindre en Jésus Christ dans notre condition de pécheurs, nous y manifester sa miséricorde.
Il nous faut consentir à ne pas être Dieu: à faire le mal que nous voudrions ne pas faire, à ne pas faire le bien que nous souhaitons. Il nous faut consentir avec confiance à nous réjouir non de nos réussites, mais du pardon qui nous est offert et qui nous rend sans cesse un nouvel avenir.